Remonter le torrent

Les lilas ont fleuri cette nuit au val perdu
Où mes pensées se perdent avec les rochers
Charriés dans le torrent par les orages de l’été.
Je remonte l’orgueil du savoir du large
Jusqu’aux passages étroits de l’âme humiliée
Qui cherche la porte des libérations oubliées.
Le chemin de la source chante le silence.

Les abeilles et les goélands rentrent au rivage.
Vol de nuages et de geais sur les chênes et les saules.
Le lointain épouse la lumière des fragilités
Où le monastère craint la violence du vent
Qui veut le détruire
L’effacer
Dans les litanies des implorations.

Au seuil de ton  regard je crie la force des éclairs
Qui hantent la tendresse de mes désirs.
Sauras-tu transfigurer la joie de ton visage
En une écharpe de galaxies qui fuient l’infini ?
Les rochers du torrent seront stables aux amers
Malgré les tempêtes
Les pertuis aux mains immenses.

Lumière de voiles herbées sur le soir
Sur les coquelicots et les tournesols déjà mûrs
Où le soleil glane les certitudes éparses
Avant d’éblouir mes champs de couleurs vives.
Les splendeurs de l’arc-en-ciel seront caresse
Sur l’envol des loriots cerisiers en fleurs.
Le monastère des songes camaldules
S’est assoupi dans la force fragile des arbres.

J’apprendrai aux cerfs-volants le chemin des nuages
A mes pas hésitants le vol rangé des grues cendrées
Et j’arriverai à la porte qui ouvre sur ton visage.

Le mystère déplie ses pages blanches au soleil.

                                                                               

Avril 2012