Symphonie d’automne

(pour piano et orchestre)
de l’impossible

Que tes mains ont fermée
Clefs de la nuit
Mains de mystère
Crépuscules d’agonie
Jaillis des regards
Impassibles et distants
Des sombres abîmes
De tes yeux indifférents…
Il est temps de partir
Où vers qui je ne sais pas
Je voudrais tant rester
Mais j’ai peur du vide du froid,
Tes paroles vont mourir
Et ta route s’arrête là…
Il est temps de partir…
Le soleil s’est gorgé de sang
Là-bas dans la plaine
A l’horizon liquide
Moiré de phalènes
Il s’est arrêté un instant
Angoisse immobile
Et ivre d’immense
Est tombé frissonnant
Vêtu de silence
Avant de se briser
Tendresse redoutable
Sur les feuilles étonnées
Aux pieds des érables :
Chaude lumière
Sang d’espérance
Qui coule et s’en va
Lapé par la nuit
Rusée insatiable
Qui guette et poursuit
Bête implacable
L’horizon blessé
Aux regards de frayeurs
Illusions d’un enfant
D’un espoir qui se meurt :
Envol précipité
D’ombres sonores
D’oiseaux affolés
Orgie de feuilles mortes
Dans les nids désertés
Où veille la solitude
D’un ciel déchiré…
Il est temps de partir…
La bête aux yeux de lune
Accouche des morts-nés
Se repaît de mon ombre
Compagne si fragile
De mon âme épuisée
Où se cache un enfant
Epris d’éternité
Que la mort décolore :
Mystère du couchant
Voix du souvenir
D’espaces oubliés…
Il est temps de partir…

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