Il grandira

Il grandira
Avec les champs de tournesols
Avec ce vert mêlé de soleil et d’herbe
Avec l’infini qui court après son ombre.
Il grandira.
Le jardin des illusions est vaste.
Est-il un verger de fruits amers où les amers se perdent ?
Il grandira.
Je l’ai vu parler à l’herbe
A la pluie
A la soif du désert
Au vent de l’orage qui vient
Qui mêle lunes et feuilles dans les branches du printemps.
Il grandira .
Il y a un nid de vanneaux dans la lande.
Sur les oeufs tachetés de saisons d’eau
Un violoncelle esseulé attend
Plaintif
Les routes jamais prises
Celles qui s’arrêtent devant toutes les portes
Toutes les fenêtres vides
En pleurant leur virginité dans l’abandon des collines.
Il grandira.
Il sait déjà descendre un fleuve de dromadaires
Derrière les murs d’étoiles
Rêvés les nuits si claires où l’ennui n’a plus le temps de crier
Ni le sable de répondre à son éphémère.
Il grandira.
Le souvenir fait naufrage.
La mer meurt dans ses eaux de cendre
Après avoir dansé sur les collines.
Les raies sortent affamées.
La nuit
Et se colorent d’encre.
Dans les joncs il y a des jours qu’on ne veut pas
Et des désirs qui tombent.
Mais l’horizon ne saurait s’éteindre.
Les abeilles ont fait beaucoup de cire cet été.
Il a appris à dessiner des voiles et des bateaux
Sur la grève de l’invisible
Où campe le secret de ceux qui continuent à croire que tout peut arriver
Même l’impossible.
Il grandira.
Le cheval n’est pas assez rapide dans les arbres et les herbes hautes.
Les nuages freinent son galop et il s’essouffle.
Qu’importe
Il grandira.
Dans ses yeux il y a toujours l’enfant
Et dans les yeux de l’enfant il y aura les lointains de l’enfance
Et le silence des lointains.
Le SONGE
Grandira.

Janvier 1999