Mousson saigon

Espace sans saisons
Sans sourire
Glauque
Insipide
Visage aux yeux clos
Aux lèvres blanches
Corps sans âme
Anonyme
Bleu-vert de vespasienne
Sous la chaleur
Impudique
D’après-midis interminables.

Juin 1999

La mousson.
Vierge déflorée par les années qui passent
Pisse sur Saigon
Geste immense
Horizon accroupi
sans hanches
Lente vie de la mort sur les murs
Regrets d’ombres
Foule-absence
Uniformité d’aubes
Goût de poussière
Soirs-indifférence.

Juin 1999

Clameur-mousson
Ville pluie
Au bord du Sông Sài Gòn
Sexe-fleuve
Sans gué
Où le désir crie
Sans voix
– A l’aide –
Avant de sombrer
Ville-solitude
Ville-palafitte
Où couche et dort le non-sommeil
Le non-espoir
La fatigue d’espérer
Dans les yeux de l’enfant battu
Sais-tu ce que veut dire se croire perdu ?
Odeurs d’abandon
Saveurs qui ne savent plus parler
Poisson qui sent la boue
La mort aux aguets
En as-tu mangé ?

Juin 1999

Viendra-t-il quelqu’un à travers la pluie ?
Il sera sourire
Ou la dernière larme de l’être
Celui qui se cherche ?
Il sera source
Soif d’eau lustrale
Il lavera le ciel
Les rues
Les corps
Les âmes
Il courra dans le vert
Le vrai
Il sera un infini de papillons
Qui migrent dans les arcs-en-ciel
Il sera arrivée et départ
Et retrouvera
Soudain
Ce que l’on a ignoré
Ce qui n’est pas mort
Il saura incendier la mousson
Sous la peau de Saigon.

Juin 1999

Sous la pluie
Nostalgie d’oasis
De gazelles dans les dunes.

Juin 1999