Vent-paravent

Les soirées sont interminables.

Quand le bonheur se retire avec la marée
Y a-t-il un sentier pour fuir ?
Les paroles sont inutiles.
Elles séparent.
L’oracle se tait.

Il y a une longue théorie d’ombres à la lisière de la mer.
Pourtant le vert lui est si près qu’elle en est verte.
Est-il trop tard ?
Le temps
Reparti dans l’autre sens
Reprend son chemin.
Mais que voulait-il effacer dans l’ornière des feuilles en agonie ?

Le songe
Seul
Est libre.

J’entends un cheval fendre le silence.
C’est le vent qui fuit.
Il n’a pas besoin de sentier.
Il est songe
Il est vie.
Il a entendu courir le fleuve près du bonheur.
Il voudrait en faire son ami.
Le vent
Tête baissée
Fend la nuit.
Mais il se brise
Tombe
Contre le paravent des roseaux qui plient.
Il s’appuie sur ses bras blessés
Il veut voir
Appeler
le fleuve
Au-dessus de la nuit.
Derrière la marée des roseaux
L’eau n’entend pas
Le sang se meurt
Le passé s’en va.

Sur le radeau des soirées interminables
J’écoute le silence du vent.
Il sait chanter les songes
Les peurs
Et les désirs du temps.

7 Novembre 1998