Je regarde tomber le silence et le temps

Au loin
Le silence tombe en pétales de pruniers.
Nuages d’émotions
Denses
Où les songes
Prennent le départ pour les pluies d’été.
Au loin
J’ai vu le temps s’en aller sur l’eau des fossés.
Seront-ils des brumes lumineuses de coquelicots
De mélopées de ruches qui s’endorment?

Les renards attendent les arcs-en-ciel.
Le poulailler des médiocrités est ouvert.
Les renards n’ont pas faim.
Volaille pédante de banalités
Qui s’assoient aux chaires des génies passés.
Le silence
Tombe dans la monotonie des gestes
Du vide
Où se retrouvent les paroles inutiles
Les feuillages d’arbres promis
Stériles
D’habitudes oubliées.

Le silence tombe avec le temps.

Je les regarde sur les chênes de l’enfance
Sur les vols désemparés des piverts dans les rives
Sur les songes qui renaissent
Sur les tendresses en sourire au creux de mes lèvres
Ouvertes aux éclairs de joies devinées
Voulues
Cherchées delà l’impossible
Où je refuse de me perdre
Pour te retrouver.

Le lointain est proche
Nourri de lumière.
L’eau du fleuve se mêle aux brumes.
La mémoire du silence
Tombe avec le temps.
Je les regarde s’en aller avec mon sourire.
Es-tu sûr de voir l’espoir
Delà les confins de la lande?

Je regarde
Tomber de l’immense
La lente litanie de mes songes
Les visages du sentier
La nudité du silence.

Mars-avril 2008