Sous les banians de Mandalay

Assis
Sous un giroflier
Je rêve aux banians de Mandalay.
Le fleuve est trop loin.
Les palmiers des remparts
Malgré les douves immenses
M’apportent les cris étouffés des berges.
Le delta appelle les maisons et les arbres
Perdus sur les rives.
Les bœufs et les buffles
Mêlés aux moines dans la boue des monastères
Descendent
Tranquilles
De rizière en rizière
De pagode en pagode
Avec les larmes des soumissions impossibles.

Une ombrelle
Déchirée
Court à l’embarcadère vide.

Pluie folle sur les sentiers.
Harmonie tuée sur le front de l’espoir affamé.
Les mains ont-elles la force de bouger
De se tendre pour s’ouvrir et quémander ?

Une robe safran
Sans visage
Traverse les sourires effacés.

Il n’y a plus de chant de grillons dans les champs inondés.
L’eau ne voit plus les larmes des enfants
Les yeux vides de l’espoir enchaîné.

Les oiseaux
Blessés
N’arrivent plus à voler.

L’eau du silence couvre la plaine
Seule
Abandonnée.

Les grillons ont perdu leur chanson.

Juin 2008