Un vent chargé de prières

Un village immobile.
Une ferme avec des roses trémières.
Quelques pommiers.
Des nids pleins de huppes nouvelles.
L’éphémère se heurte à l’espéré
Dans les hautes graminées de la plaine.
Pays effacé.
Le Brahmapoutre ne sait plus où aller.
Foins et falaises perdus dans l’herbe du fleuve.

Peut-on retourner dans un pays qui n’existe plus?

La lune cherche sa route sur les sommets.
Un vent
Chargé de prières
Soupire dans les vallées.
Les vautours sacrés attendent
Impatients
A dévorer l’immanence des morts
Partis sur les chemins des oiseaux de passage.
Les appeaux se taisent.
C’est l’automne.

Silence.

L’eau chante derrière les rochers.
Je l’écoute parler dans le sable des rives.
Mélopée de prières qui s’incarnent
Dans les champs d’orge et les saules
Où les visions enneigées respirent
Soudain
Les désirs désincarnés.

J’avance
Les pieds ensanglantés
Le visage brûlé
Sourd à l’immense
De mon âme qui tremble.

Septembre 2007