Un puits oublié

Dans la cour abandonnée
Un puits oublié .
Cercle de silences
Coassement d’habitudes
Murées
Echo fidèle
Vase tendre
Miroir sûr
Au tain d’ombre
Où passent
Parfois
En quête de songes
Les soifs de mendiants perdus
Epuisés
Quelques éclats de galaxie
Et de rares lunes d’été .
Un soir
Où tout peut arriver
L’orage a éclaté
L’eau s’est faite nuit
Le puits a débordé
Et les grenouilles ont sauté
Par-dessus le fini .
Dans la cour abandonnée
Etonnées par l’immense
Elles s’adressèrent à la pluie :
– Ce nouvel horizon
Est-ce l’infini
Dont nous ont parlé
Si souvent
Les lunes d’été
Et le silence de la nuit ?
Mais elles ne perçurent ni l’écho
Ni leurs cris .
Soudain elles eurent peur
Et replongèrent dans le puits
A l’écho fidèle
Sans aventure
A la vase si tendre
Où se blottissent
Chaque soir
Le silence et la nuit .
Elles n’ont pas entendu
Derrière la pluie
La réponse du vent :
– L’infini n’est pas dans cette cour
A peine plus vaste qu’un puits .
Il n’est pas là-bas
Il n’est pas ici .
Il est risque
Surprise
Ivresse
Matin
Nostalgie
Il est partout
Et il sait où aller
Si l’amour le conduit .

31 Août 1997