La dernière feuille du mûrier

Brouillard.
Plaine sans amers.
Chemins invisibles sans rives.
Caresses perdues sur les feuilles tombées.

Givre sur les branches du mûrier.

Une feuille d’oubli
Tremble
Encore
Au vent de la pluie.

Quand tombera-t-elle ?
Où finiront-elles ses errances ?

De mes mains fragiles
Je l’ai accompagnée sur les lèvres du vent
Sur un cours d’eau paisible
Sur le sentier de la chapelle aux songes
Avant de l’abandonner à la saison des rosées
Encore tièdes de souvenirs perdus
Où il est si difficile de s’en aller.

J’irai chercher des nuages égarés
Sur les sentiers aux renards chasseurs de soleil
Qui parlent aux frênes et aux alisiers blancs
Arbres nus d’oiseaux qui se réveillent
Espérant se vêtir de nouveaux étés.

Au printemps j’irai effeuiller les mûriers
Pour les soieries des regards retrouvés
Qui jouent avec les sourires de la lumière
Entre les chemins du désir
De l’amour qui explose
Des mains qui ne veulent se fermer.

La dernière feuille est partie trop loin.
Saura-t-elle rentrer ?

Epaisseur d’horizons cachés.
Brouillard de sortilèges inachevés.

Janvier 2010