L’aube s’est perdue dans les jasmins

Moularès.
Orage sur le marabout vert
Abandonné avec les doigts des mains coupées.
Il est un rire innommable
Sur les lèvres du phosphate aux blessures brûlées
Qui remonte des abîmes incendiés
Avec la nuit sans visage
Avec le vol eclamé des ramiers.

Procession de larmes
D’atrocités dans les sables
De chamelles blanches que l’on égorge
Sous les yeux des décapités qui s’endorment
Au seuil du théâtre déserté de gloire
Où les héros d’un jour chantent l’éphémère
En attendant l’aube d’un soleil torturé
Humilié
Déchiqueté par l’oubli.

Vomissement de paroles inutiles
Au bord des dunes qui attendent le printemps.
Les jasmins fleuriront-ils encore dans vos cours
Secrètes
A la rosée du matin
Effacée par les mensonges d’espoirs muets
Par les traces de pas meurtriers du temps ?

Les figuiers de barbarie ne veulent pas se taire.
Les étoiles filantes ne cessent de tomber.
Les jasmins sont ensanglantés.
Le soleil s’est tordu le visage
Il veut courir
Il a perdu ses pieds
Il est trop tard
On a tiré
On meurt dans un râle désespéré
Dans les yeux vides
Où l’aube a été trop battue
Trop blessée.

Survivra-t-elle ?

Janvier 2011