Premier quartier de lune

Chasse d’éperviers au soleil d’orage
Horizon bas sur les genêts et les trèfles
Tout s’illumine au ras des darses
Où les navires attendent le départ
Calfatés de poix d’ailes et de chanvre de songes
Asphaltés de matins radieux promis à mes pas blessés
Avant de rencontrer la liberté des tempêtes
La solitude des hautes mers incendiées.

Lotus d’éclats de lune dans les marais
Sable d’herbe baignée de lointains à peine devinés
Jardin défait de nuits consolées aux chants très mûrs
Glanés aux litanies d’oiseaux apeurés dans mes cages
Bras serrés sur le vent qui joue avec les meules à blé
Avec les fleuves désemparés
Avec les lèvres des faucilles à aiguiser.

Tessons de petites îles
Tombés de fenêtres brisées.
Donne-moi ta main.
J’ai envie de t’ouvrir mon coeur
Avec le sourire du silence
Le bref visage du premier quartier de lune.
Fais-moi signe.
Je m’illuminerai le regard de toutes mes attentes
Engrangées avec le désir et les foins
Au seuil des sérénités retrouvées dans les granges.

J’ai laissé la porte ouverte à la nouvelle lune.
Elle nettoiera les dernières ombres
De toute oxydation du temps
Très présent aux détours des instants perdus.
L’oubli s’est pendu.
A la terrasse du printemps.
Je monterai le sentier jusqu’au monastère.
Les geais m’y attendent avec les piverts.

Faim et satiété de lune.

Novembre-décembre 2010