Senteurs de désir

Les camphriers exsudent la fraîcheur du soir.
L’on attend le passage des ibis sur le fleuve.
Blancheur d’ailes sur l’eau des rives.
Le désert est très loin
Au pied des marabouts qui parlent à l’invisible
Là où les dattiers et les dromadaires
Troublés de soleil
Deviennent évanescence d’horizons inconnus.

Les canneliers se parent de relents de volcans
De pailles et de rizières
Avant de s’effeuiller sur les sentiers du couchant.
Musc piverts et martres
Effluves secrets de désirs oubliés
Fragrances retrouvées au bord des étains
Où crient les roseaux avant de s’endormir
Mûrs de songes d’enfant.

A l’ombre des girofliers le silence
Attentif
Conte avec le vent
Les paroles du désir qui s’invente.
Conversation avec les frangipaniers du soir.
Intimité de pleins et de vides
De rires et de larmes
Mêlés d’avoines mûries le matin.

Trois petites mésanges dans un nid abandonné.
Odeur acide de solitude éventrée.
Les blés se colorent de coquelicots et de bleuets.
J’entends les oies sauvages crier l’inespéré.
Le désir court avec les nuages.
L’orage ouvre ses mains à l’amour.
Il pleure son infinitude blessée.
Senteurs de lointains éclos le soir.

Les nénuphars rosissent de désirs en fleur.

Juillet 2010