Soif d’orages

Cette nuit j’ai chevauché la soif des orages.
Je l’ai poursuivie jusqu’aux océans de sable
Où se cache l’absence des visages.

Dans la plaine les blés sont mûrs.

Eclairs soudains
Tonnerres
L’orage a soif.
Préparez-lui tous les sceaux de la maison
La croix des tisons et l’olivier béni.
Il explosera de rage à midi.

Sur les grèves du désir
L’on enroule les draps maculés de sourires.
Viendrez-vous cueillir les mauves qui tremblent ?
Ne me dites pas que vous les avez oubliées.

Mémoire d’oublis rouillés au lavoir des soifs.
Les orages voudraient s’y abreuver avec le vent
Les soirs de fuite
Où ils souhaitent s’exiler d’eux-mêmes
De leur soif
De l’amour qu’ils croient immense
A l’orée de leur violence.

Les arbres crient à l’incendie
Les foudres courent sur les rives
Les oiseaux se cachent épouvantés.

Soif d’orages à l’infini.

Sur la route éperdue des fleuves et des plaines
Les orages ont bu toute leur pluie.
Que reste-t-il à ma soif ?

Nuages épais d’encens et de vent.
Comète de désir au  bord de l’océan.

Février 2010