Solitudes

Solitude de l’hiver sur la plaine enneigée.
Les toits abritent l’attente de l’inattendu.
Les cheminées brûlent les derniers fagots de l’oubli.
Le froid n’arrive plus à allumer le désir.
Sarments nus de regards éteints.
Cendres d’illusions qui se cherchent.
Horizons bas de meules de paille perdues.

Falaise de brouillards geôliers de l’infini.

Solitude du printemps sur les branches des pruniers.
Ils écoutent le vent psalmodier la lumière
Celle qui joue l’immensité de l’instant.
Les tilleuls ont oublié de fleurir avant l’été.
Bouquets de loriots sur l’aube des cerisiers.
Dans les ronces les muscardins oublient leurs nids.
La fontaine aux trois aulnes s’est épuisée.

L’amour se colore d’avoines et de seigles.

Solitude de l’été dans les chaumes non glanées.
Les perdrix et les cailles sont assoiffées.
La plaine tremble sur le noir des orages.
A Tombouctou les mosquées se préparent à boire.
Calices d’humilité dans les besaces offertes.
Les luzernes implorent la rosée et les pleines lunes
Sur mes chemins à poussière.

Foins brûlés au bord du fleuve qui m’appelle.

L’automne attend l’orage des solitudes.
Ton regard n’est que le parchemin d’un sourire.
Mes lèvres murmurent les saules et les ruisseaux.
Feuilles jaunies dans un livre usé du soir.
Je chanterai le départ des oiseaux de passage
Des grues blanches du nord
Jusqu’aux bruyères des sous-bois de l’oubli.

Silence des lucioles dans les luzernes.
Soirées épanouillées aux chants de la plaine.

Juin-juillet 2010