Pousses d’un soir

Les tamariniers
Déjà fleuris
Veillaient sur notre amour.
Nous avons cueilli leurs pousses pour le soir.
Nous irons les manger au bord du Mékong
Assaisonnées d’antiphonaires de soleils
D’étoiles prêtées par la nuit
De chants de toucans perdus dans les lointains
De sourires imprévus.
L’eau verte se mêlait à la sérénité du désir
Né des attentes lovées dans les berges en pente douce
Juste au-dessus de se qui se refuse de finir.
Est-ce l’amour que l’on rencontre qu’une fois ?
Où l’abriter
Le protéger ?
Aide-moi à ne pas le laisser passer
Sur la rive de la vie
Où les montagnes bleues sont si loin
Et les lointains si fragiles.
La pluie tombait sur nos songes trempés de légendes.
Soudain
Sous les tamariniers
Le vent s’est tu
Le tonnerre pris feu.
La chambre était vide.
Dans mon regard
Le navire était déjà loin dans les brumes du matin.

Mai 2002