Psaume de l’éphémére

Maison du jour.
Chambre de l’instant.
Le désir se lève.
Il devient tempête.
L’éclair traverse le temps.
Réveille-toi.
Lis le psaume de l’éphémère.
Il est à ta porte.
Laisse entrer sa lumière.
Elle caressera la plaine de tes soifs
Et sèmera de rires les yeux de tes mains
Qui cherchent.
Laisse-le zigzaguer à travers champs
Où son intensité se repaît de midis
De nuits claires
De routes sans ombre
Tendues vers le seul baobab des savanes de l’âme
Où passent
Interminables
Les caravanes de l’imaginaire.
Tombouctou
Ville-instant du voyage
Est au bout de partout
Si tu es vent et nuage.
Surtout ne te rendors pas.
La ligne droite
Eternité des monotonies sans fin
Des perfections du vide
Sans chutes
Sans résurrections
Sans rechutes
Pèse de tout son poids d’habitudes
Sur tes paupières
Tes hanches
Ton être qui brûle
Change
Lutte contre la lumière unique
Couleur invariable
Que le jour vomit sur les grèves de son errance.
Ne te rendors pas.
Arrête la ligne qui sait toujours où aller
Où elle va.
Coupe-là.
Elle tue
Elle dévore les espoirs hors d’haleine
Les soleils qui se perdent
Les virages imprévus
La folie de l’amour
Sa course
Ses arbres écrits
Abattus.
Ne te rendors pas.
Vis ta vie.
L’éphémère est le temps.
Il y a des arcs-en-ciel
Et des segments d’aube
Dans chaque instant.
Le soleil sort des eaux.
Sur les routes de poussière et de sable
Tu iras pêcher tes songes.
Ils sont nombreux
Dans le sourire de l’autre.
Pourquoi aller toujours tout droit?
Dans les talus
Sur les rives des fleuves
Tu allumeras des lucioles éphémères
Pour éclairer le seuil de la vie
La porte de la mort
Pour qui est fatigué
Et s’endort.
Je t’ai déjà réveillé plusieurs fois.
Vite
Va chercher les filets
Et ne te rendors pas.
La pêche sera bonne.
Je serai là.

Janvier 2000