aux orphelins de Nardterechnoe
en Tchéchénie

– Quel est ton nom ?
– Je ne me le rappelle pas
Je l’ai perdu.
– Tu en avais un ?
– Oui j’en avais un dans les caves de Grozny
Même les rats le savaient
Ils m’appelaient sur les marches des profondeurs.
Il était des bras autour de mon nom
Des lèvres sur les joues et le front de mon âme
Elles m’ont dit
Répété
N’oublie pas ton nom.
Dehors
Le froid
Aux yeux grands ouverts remplis de neige
A volé mon nom
Derrière un arbre et un fusil
Où s’entassaient déjà tant de cris
Tant de bras
Autour de tant de noms.
Le mien s’y est perdu.
– Quel est ton nom ?
– Je n’en ai plus.

Le soleil n’était pas là
Il s’était caché derrière le mur du non vu
De ce que l’on ne veut pas voir
Derrière les solitudes des enfants sans nom.

Décembre 2002