S’arrêter le long du silence

S’en aller le long de l’été
Quand mûrit l’herbe des attentes
Dans les talus aux espoirs immobiles
Et… voir sécher l’haleine du songe
Sur les lèvres refusées de l’infini
Qui ne veut sacrifier à l’éphémère
Ses horizons aux clartés si fragiles
Où le roseau de l’étang soupire à la mer…

Chercher dans l’oeil vide et vaste
Des gens morts et clos qui passent
Un regard éclos du désir qui avance
Et… offrir au chant si doux du sourire
Le sourire complice du silence
Où s’annoncent les pluies de l’orage
Et s’apaise la soif de l’instant
Dans l’étreinte éperdue de l’immense…

Plonger dans ces eaux de couchants
Tièdes d’oiseaux qui chantent leurs songes
? Vague d’écume qui arrête le temps ?
Et… boire sans fin la lumière du naufrage
Sur la grève de l’ombre que l’aube déchire
D’un geste d’amour d’un cri de présence
Où le vent paisible engrange les nuages
Fauchés soudain au cour des attentes…

S’arrêter enfin le long du silence
Au bout de ce regard qui appelle à s’y perdre
Et… laisser tressaillir l’horizon de mon âme
Où crie l’espérance de tant de saisons
Venues ensemble pieds nus à ma rencontre
Interroger la lumière de ce visage
– Route ouverte aux paroles du possible –
Où j’ai si peur du miroir et du songe…

Mais au bout de l’été le long du silence
Où mon sourire appelle ton visage
Dis-moi – au rendez-vous du désir
Est-ce toi qui avances sur l’aile de l’orage… ?

Juillet 1989