Soif de lumière

aux temples jaïns
de Ranakpur

L’ombre des oies des neiges
Caresse l’aube de la plaine.
Les phares n’ont plus d’amers.
Saurai-je où aller ?

J’ai soif de lumière.

Deux arbres inséparables
Sur des rives qui se séparent.
Estuaire d’un fleuve qui n’arrive jamais.
Mythe de bateaux perdus sur les routes du désir
De rives inconnues de l’amour
Où les oiseaux de toutes les mers se donnent rendez-vous.

J’ai soif de lumière.

Je partirai d’Udaipur
La Ville Blanche des princes du soleil et de l’aurore
Amoureux de moussons et de nuages.
Je traverserai la forêt des tigres et panthères
Qui aiment se désaltérer de crépuscules
Aux points d’eau du mystère.

J’ai soif de lumière.

Avec des grappes de cigales
Assoiffées d’incandescence
J’arriverai à Ranakpur
Au temple d’Adinath aux yeux miroir
Et de ses marches je m’envolerai
D’entre les coupoles ouvertes
Légères
Immenses
D’entre les 1444 colonnes de marbre blanc
Habitées de lumière
Et mon âme sera bue par le naufrage de l’espace
L’émerveillement de l’enfant
Le chemin sans fin

Etourdi
Ivre
Je serai lumière.

Le désert du Thar m’a dit quelques mots de quartz
Cobalt
Sable doré.

Juin 2003