Sur le cil de l’aube

Je suis né avec l’exil dans les mains.
Je suis de partout et de nulle part.
L’horizon a perdu sa ligne.
Elle est aveugle.
Les arbres des fossés ont mon nom.
Je suis riche en matins sur les blés en herbe.
Sur les talus d’eau se noie le soleil.
Le vent se répand sur les confins du songe
Delà les guillemets du banal
Frontières du vide
Des jours qui passent
Toujours les mêmes
Sans solstice
Sans graal.
Il sourit.
Il caresse les herbes folles
Leur folie.
Sa main est une lune fraîche sur l’aube.
Les escaliers montent les attentes du passé.
Un lézard bleu autour de mon bras.
Je l’ai cueilli dans les herbes des hauteurs
Mêlées d’aubes et de nuages.
Solitude du tourment
Des nuits passées à écouter le vent.
Espoir d’une interminable première fois
D’un matin enceint de matins
D’une lumière sans couchants.
La route s’est mise à pleurer devant le marais.
Voiles dans les brumes
Dans les brûlis de la mer.
Soif d’infini.
Les aigles naviguent dans les steppes
Les faucons reviennent à chaque printemps.
L’espace est séduit.
Les chevaux sont sur le littoral
Trop bleu pour être des lèvres.
Il se peindra de colombes sauvages
Pour les aigles et les faucons
Dans les yeux de mon âme
Ailes de l’ineffable.
Tout est simple pour le désir qui attend.
Il suffit d’attendre.

Sur le cil de l’aube
Le matin est là.

Novembre-décembre 2003