Sur le dos des buffles

Sur un bras du Mékong
L’eau s’en va avec nos regards.
Ils la suivent et se perdent sur les rives.
Y aura-t-il des pêcheurs pour les repêcher
Avant qu’ils ne se noient et dérivent ?
Infinitude de paille et palmiers à sucre
Dispersée dans la solitude.
Elle se roule dans les chaumes
Avec la nostalgie des étendues d’eau des lointains
Fleuris du rose intense des nénuphars.
Coucher du soleil dans la cour du temple.
Le soir prie en silence.
Manguiers en fleur
Nuées de libellules.
Tes lèvres sourient avec le couchant
Dans les aréquiers et sur le dos des buffles.
Moines sur le sentier du temple.
Silence étrange
Le passé se tait
Le présent est-il encore vivant ?
Coupoles ouvertes vers le ciel
Où je regarde passer les nuages
Ils parlent d’espoirs-voyages-naufrages.
Loin
Dans la jungle
Coule
Paisible
Fraîche
La rivière aux mille lingas.

Juin 2002