Tu les as laissés partir

Loin
L’eau n’a pas de couleur
Sauf les ivresses des lointains
Où mon regard suit les hirondelles de mer
Qui se perdent dans les vagues
Avec les mystères que tu m’as dits les soirs d’été
Quand le soleil ne savait où se cacher.
L’as tu oublié ?
J’y ai cru
J’ai couru
Je pensais te trouver
Delà les transparences du désir.
Les hirondelles de mer me l’ont dit
Elles t’ont vu
Avant le naufrage
D’où personne ne revient
Sauf l’amour de ceux qui croient dans leur chemin
Et qui marchent
Marchent
Même s’ils ne savent pas où il va
Où ils vont.
L’infini est peuplé d’âmes qui ne renoncent pas.
Je m’en irai dans la lumière des profondeurs
Où tout se perd
Tout se trouve
Même le bonheur
Même l’enfant
Qui a peur des nuits froides
Où se croisent la lune et les frontières du temps.
Les saisons n’arrivent pas à traverser les bouleaux.
La neige est épaisse.
Est-elle encore vierge ?
Je la rêve éperdue
Sans pas
Où l’infini ne sait pas où il est
Ni où il va.
Je lui ai donné la main.
Il n’en a pas voulu.
Mais l’enfant l’a suivi
Il est son ami
Ils ont grandi ensemble
Et il en connaît le chemin.
Tu les as laissés partir.
Les blés mûriront avec leurs matins.
L’eau du large se remplira de ciel.
Reviendras-tu avec les hirondelles de mer ?

Janvier 2002