Un espoir lépreux

Ce matin
Es-tu voilé de lointains-lotus-nénuphars
Que bleuit la mer infinie du jour qui s’en va ?
Je t’ai reconnu.
Je t’ai enlevé le masque.
Tu as rougi avec l’écriture du désir
Où se disent les songes avant d’être dits.
J’écoutais chanter les métiers à tisser
Avec les lucioles
Premières syllabes du couchant espéré.
Es-tu habillé de soir ou d’aurore ?
Les loriots m’ont appelé
Très tôt
Les cerisiers sont en sang.
Sur tes sentiers les renards errent avec le vent
Je les entends chanter les rosées des espoirs perdus.
Les loriots
Ensanglantés sur les branches du bonheur
M’ont raconté le velours précieux des alisiers blancs.
N’oublie pas la faux et le coyer
L’herbe t’attend.
Moi j’irai sur l’île aux amours lépreux
Très loin
Sur un chemin d’eau
Où la fange irrespirable
Raconte
Sur un grand bateau
La joie du large
Celle du lac annoncé.
Plage aux espoirs déçus.
Je n’irai pas m’y baigner.
Je traverserai le lac
J’y resterai jusqu’à l’aube les réconforter.
Odeur forte de poisson séché
De vase
D’anguilles dans les nasses
De libertés enfermées.
Qu’elle était loin la mer des sargasses.
Danse d’hirondelles sur le fleuve.
Un espoir
Lépreux
A voulu traverser le fleuve
M’accompagner.
J’étais heureux.
Il s’est blotti au fond de mon désir.
Je l’ai guéri.
J’étais sauvé.

Mais

Ce matin
Je suis parti
Très tôt
Les poches vides.

Juin 2002