Vanner les étoiles

La nuit est calme
Liserée de silences
Qui s’endorment à la fraîche
Enroulés de paroles d’enfance.
Au loin j’entends le vent vanner les étoiles
Les espoirs et les désirs
Au bord du grand fleuve
Qui s’en va tranquille
Impénétrable
Sans sourire.
Il m’a invité sur ses grèves sans fin
Aux blancheurs d’aubes incolores
Transparentes
Sans teint.
Un cormoran
Trait noir
Efface mes illusions.
La route est vide.
Les guerriers des nuages
Courent avec les chevaux sauvages
Dans les étendues du songe
Où je me suis assis regarder l’invisible
L’espace de l’espace
Qui se frotte les yeux
Pour voir toujours plus loin
Et croire au vent qui n’a pas de confins
Qui brise
Insouciant
Toutes les frontières
Même celles que l’on construit autour du bien et du mal
Pour se réparer du possible
Nostalgie de ce que l’on attendait
Que l’on n’attend plus
Mais qui arrivera
Un jour ou l’autre
Au seuil du visible.

Une étoile tombe
Soudain
Sur le fleuve
Sur le vide
Sur le demain.
J’en suis enivré.
Toutes les couleurs chantent
– Vous les entendez ? –
Sur les grèves sans fin.

Février 2002