Voyage au présent passé

A Khaled

Je ne connais pas la main et le sourire qui m’ont donné le bleuet au marché de Tunis. Eclat d’un ciel d’enfance tombé avec les alouettes du soir dans le nid aux blés mûrs où l’amour devient depuis toujours soif de pas qui avancent.
Mon bleuet à la main je traverse soudain les rues jusqu’aux blés tendres découverts jadis au tournant du voyage à la lisière des forêts du nord où les arbres avancent.
Le soir somnole déjà près des oliveraies sans fin où le soleil n’arrive pas à s’étendre. Sous les oliviers nous regardons fuir l’infini jusqu’à l’invisible de la nuit qui avance.
Entends-tu respirer le désir dans la cage aux rosées suspendue légère aux branches ?
Dans les sillons des mots qui se taisent nous poursuivons les étoiles qui jouent avec les lucioles d’entre les feuilles blanches du jour qui avance.
Dans les pages d’un livre d’enfance le bleuet a gardé intactes les couleurs des émotions qui avancent…

Juillet 1993